06 janvier 2007

 

Ségolène Royal, une "madone" sur la Muraille

Par Laure Bretton

SUR LA GRANDE MURAILLE (Reuters) - D'une limousine noire aux vitres fumées, un tourbillon blanc s'échappe. Les gardes aux chapkas frappées d'une étoile rouge s'écartent.

Enveloppée d'un manteau et d'une étole immaculés, Ségolène Royal a accompli samedi le rite de passage de tout néo-touriste en Chine, gravissant les marches de la Grande muraille sous l'oeil avide mais transi de dizaines de photographes.

"C'est un beau symbole du temps qui demeure, de l'effort sur la longue distance", glisse la candidate socialiste à la présidentielle dans un halo de buée.

Derrière elle, la délégation s'est enchapeautée pour contrer le froid. Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes, arbore une toque en fourrure. Tout le monde se tape dans les mains pour se réchauffer.

"Comme le disent les Chinois, qui n'est pas venu à la Grande muraille n'est pas un brave. Mais qui vient acquiert la bravitude", prévient-elle à trois mois et demi du premier tour.

Pour arriver jusqu'à l'édifice qui serpente à travers la Chine d'Est en Ouest, Ségolène Royal a eu droit à un avant-goût de visite officielle avant même l'élection.

De sa résidence "des hôtes d'Etat" à la Muraille de Badaling, une portion reconstruite dans les années 80 au nord de Pékin, la présidente de Poitou-Charentes a voyagé au coeur d'un convoi de huit berlines sombres toutes sirènes hurlantes.

LES OUVRIERS DANS LE CADRE

Des avertisseurs rendus totalement inutiles par le plan de circulation routière drastique mis en place pour l'occasion. Des tronçons entiers de la "Badaling Expressway" ont été fermés à tous les véhicules, créant des bouchons sur les voies d'accès.

Avalant un à un les péages routiers aux portails rehaussés de peintures traditionnelles, la caravane pré-présidentielle atteint le complexe touristique dont la plupart des petites échoppes - hiver oblige - n'ont pas levé leur rideau.

Malgré le thermomètre (-7° Celsius) et les rafales de vent glacé, le ruban de pierre beige de la muraille s'égaye de petites tâches de couleurs.

Plusieurs dizaines de touristes emmitouflés dans des doudounes, sont venus arpenter un morceau d'histoire et assistent incrédules. Trois jeunes Américains se prennent en photo à quelques mètres de Ségolène Royal, qui pose debout, le soleil dans l'oeil et la Muraille dans le dos.

"Une photo de plus, ça ne devrait pas déranger", commente l'un d'eux. "Je l'ai déjà vue à la télé. Comment elle s'appelle déjà?".

Moins de dix minutes - mais cent fois plus d'images - après son arrivée, la cohorte de journalistes et d'élus socialistes se remet en branle pour aller visiter les sites des Jeux olympiques de 2008.

Devant le stade dont on ne voit que l'ossature de béton arrondie, elle signe le livre d'or des ouvriers et pose avec eux pour la presse française.

Le temps de vanter "la culture française" et la "nourriture française", qui devront rayonner à Pékin grâce aux entreprises hexagonales impliquées dans les olympiades, elle repart pour la piscine olympique.

Deux ouvriers en veste orange observent la cohue de loin. Ségolène Royal se dirige vers eux d'un pas décidé. Entourée de son essaim de journalistes, elle les tire par le bras pour les faire entrer dans le cadre.

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